• La brève histoire des monstres






    D'Erlik, le maléfique esprit sibérien fabriqué à partir de boue flottante, en passant par Nidhoog, dragon pustuleux des northmen qui séjourne au rivage des cadavres ou Atotaron, et sa tête entouré de serpents, divinité maligne des Mohawks dont la seule vue suffisait à
    faire tomber les oiseaux du ciel, les monstres ont de tout temps revêtu des atours peu ragoûtant.

    Dans les mythologies originelles, le Monstre doit être parfaitement identifiable au premier abord. Il n'y a jamais tromperie sur la marchandise. Il faut que le monstre soit franchement laid pour pourvoir flanquer les chocottes à ces petits péteux d'humains et (c'est là une originalité) même parfois aux Dieux

    Prenons le monstre Anzou qui terrorisait Sumer, avec son corps d'oiseau déplumé et sa tête de lion féroce, il avait suffisamment une sale gueule pour que la plupart des guerriers les plus aguerris soient frappés par la stupeur à sa seule présence. Les Dieux même n'osaient se frotter à lui. Il fallu tous le talent et l'ingéniosité de Nimourta le Brave, pour l'affronter dans un décor apocalyptique, digne des plus mauvais nanars italien des années 60 et lui décocher une flèche empoisonnée qui mit fin à son règne de terreur casse-bonbon.

    Mais, la laideur en soi ne provient pas toujours d'attributs laids, il arrive qu'elle survienne du fait d'une addition paradoxale : humanité et monstruosité.

    Le Minotaure est une figure emblématique de cette association avec son corps humain parfait et sa tête de taureau. Dans le dédale labyrinthique où il se dévoile à Thésée, il devient même avant la lettre la métaphore transparente, de la monstruosité qui vit en chacun de nous, tapis au plus profond des connexions cérébrales.

    Mon propos est de démontrer ici que le monstre a d'abord été représenté de façon stéréotypique, laid, pour mieux pouvoir être opposé à la beauté humaine.

    Tout change avec les monothéismes et le manichéisme qui leur est propre. Le bien d'abord représenté comme avenant s'oppose au mal rébarbatif. C'était sans compter sur la ruse dont sait faire preuve le malin, sa capacité à cacher sa laideur sous des oripeaux... C'était sans compter surtout sur l'incroyable capacité de l'esprit humain à trouver de la séduction par delà la laideur et jusque dans l'horreur...

    Mais, cela est une autre histoire.

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