• On descend, tu sais bien toi Charon vers les Enfers, de Dante ou de Sartre, la pièce de monnaie dans la gueule béante. Le capitalisme mercantile déjà comme métaphore et tout ça pour se retrouver en souffrance. Ne parlons pas de créance... L'Enfer n'est donc pas que les autres, ce peut être l'argent, la maladie et même pourquoi pas le sexe.

    Une sorte d'escalator (on devrait plutôt dire un descenlator) vers l'âge du stupre perpétuel. L'idée du crescendo decrescendo est importante. Ce qui est bon parce qu'occasionnel devient la géhenne quotidienne mais toujours plus intense. Au finish insupportable.

    A noter que c'est toujours l'idée d'aller vers le bas qui est métaphore des limbes. Dans Angel Heart, original, notre ange déchu à la gueule du Mickey d'avant prend un vieil ascenseur-purgatoire qui l'envoie direct vers les ténèbres.

    Bref, on ne peut pas tomber plus bas.
    A voir...

    La mythologie grecque est édifiante de ce point de vu. Avec sa sale tronche de monstre aquatique, Charybde qui paressait dans le détroit de Messine engloutissait dans un tourbillon dont il avait le secret tous les navires qui passaient à sa proximité. Ceux qui y échappaient pouvaient se croire sorti de l'auberge. C'est mal connaître la perversité des légendes grecques. Parce qu'à quelques encablures des tourbillons de Charybde, dans un antre digne des plus terrifiantes vestales, vivait Scylla, autrefois belle nymphe amoureuse de Glaucos, cette idylle naissante n'eut pas l'heur de plaire à la magicienne Circée qui transforma Scylla en un monstre marin avec un corps de femme mais qui en lieu et place des jambes possédaient six gueules de molosses féroces. Des ienches qui se chargeaient de boulotter les navigateurs qui avaient survécu à la puissance de Charybde.

    A l'exception notable de ce futé d'Ulysse, on peut donc tomber plus bas, précisément de Charybde en Scylla.

    On m'objectera bien sûr que les monstres sont nés de préférence dans des lieux de la planète où la nature n'est pas particulièrement accueillante (le détroit de Messine n'est toujours pas recommandé pour la baignade du fait des forts courants marins qui le traverse). Il est même possible que dans sa grande sagesse, l'humanité ait inventé des monstres à l'endroit même où aujourd'hui, on poserait en mer, phares ou balises et sur la route, des panneaux de signalisation « danger route glissante », « attention virage dangereux ».

    Imaginez si ça se trouve qu'à la sortie du Périphe Nord, on vous conseille d'être particulièrement prudent du fait des sévices du monstre de Bagnolet, je suis sûr qu'à la sortie Porte de Bagnolet, les automobilistes appuiraient un peu moins sur l'accélérateur.

    Tout cela n'est que conjecture, certes, ce qu'il faut admettre dans la leçon d'aujourd'hui, c'est qu'on peut toujours tomber plus bas. De là à penser qu'il faut grimper plus haut pour se laisser de la marge, c'est un pas que l'on ne franchira pas aujourd'hui. Voir ou revoir Barry Lindon de S. Kubrick devraient nous convaincre de la justesse de ce propos.

    Mais comme le cinéma est hors du domaine scientifique qui nous occupe présentement (l'étude du genre monstrus monstrus), on reparlera de cet excellent film une autre fois ou sur un autre blog.

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  • Les monstres ont ceci de vertigineux qu'il est presque toujours difficile de les abattre. A l'exemple de l'hydre de l'Herne dont il fallait trancher les sept têtes d'un coup sous peine de les voir repousser, il semble bien que les Italiens n'aient pas tranché suffisamment dans le vif du sujet lors de la dernière consultation électorale...

    Berlusconi est affaibli. Il ne gouvernera sans doute pas de sitôt mais il est loin d'être totalement mort... Et ceux qui ont pu juger de près sa monstruosité tant physique (cou de taureau, cheveux sansonniens impeccablement teints, mimétisme mussolinien, répertoire varié dans l'invective) que morale (dénie total de l'idée démocratique, populisme larvé, encouragement des plus bas instincts de ces concitoyens, mépris pour la justice) sont en droit d'être inquiets. Berlusconi, tel le Phoenix tentera de revenir aux affaires. Nous n'avons pas dit et à dessin « revenir en politique », car la politique n'existe pas pour lui. Elle se confond assez bien avec la seule idée qu'il respecte : s'en mettre plein les fouilles.

    A l'exemple de ce monstre de chair et d'os, il est une autre transmutation du politique, tout à fait effrayante, qui ne s'est malheureusement incarnée que dans ses atours les plus hideux : nous voulons bien sûr parler de la Loi sur l'égalité des chances.

    En se focalisant sur le CPE, les citoyens et les syndicats sont bien sûr parvenus à mettre à bas une des têtes les plus monstrueuses du Léviathan... Dans le même temps, ils ont fini par délaisser de petites caboches teigneuses qui peuvent encore causer du tort. Nous ne citerons qu'une autre disposition de la Loi sur l'égalité des chances : le contrat de responsabilité parentale. Déjà mis en œuvre par les conseils généraux, il prévoit la suspension des allocations familiales des parents notamment en cas d'absentéisme scolaire des enfants. Outre que cette disposition est directement inspirée du Front National, elle est emblématique d'une autre caractéristique de ces Monstres de tout poil qui hantent depuis la nuit des temps nos pires cauchemars. En général, les Stremons s'attaquent d'abord aux personnes les plus faibles, les plus vulnérables, les plus isolées, plutôt qu'au héros fringuant revêtus d'une armure (on peut être un monstre plus moche que Marine Le Pen, ça veut pas dire qu'on est gollio pour autant).

    Tout ça pour dire, même si à chaque jour suffit sa peine (et ses joies ! Champagne rien que pour la tronche déconfite de ce brutto stronso de Berlusconi) qu'on en a pas fini avec les monstres... Demain encore, il faudra se retrousser les manches pour leur faire face et repousser leur mauvaise haleine fétide hors de notre zone de respiration.

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  • Moi même, l'auteur de ce blog imbécile, je ne suis pas un vrai monstre. En réalité, j'ai été transformé en crapaud pustuleux par une infâme sorcière... Mais, sans mentir, en vérité, je suis super beau et j'ai jamais les chevilles qui enflent.

    Ouais, alors l'annonce est simple : cherche princesse en CDD, CNE, à temps partiel ou à temps complet pour embrasser monstrueux crapaud à longueur de journée dans l'espoir de lui rendre son apparence initiale. Pas sérieuse ou rebutée par la tâche, s'abstenir.


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  • Les premiers monstres ont déconstruit.

    Les autres sont apparus comme des mini-monstres : des monstres qui avaient envie de cesser d'apparaître comme des Sphinx, gargouilles, succubes. Ils se sont dit la monstruosité, ça n'a qu'un temps, ça ne dure pas. Et, là miracle : ils se sont mis à aimer.

    Comme quoi, on raconte beaucoup de truc sur les monstres sans aucune preuve.


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  • Avis à la population. Aujourd'hui grande grève des Monstres...


    Selon les organisateurs, c'était une manifestation monstre. Pas moins de 500.000 monstres au bas mot. La police plus circonspecte parle de 100.000 monstres qui ont défilé en silence dans les rues de la capitale.


    La manifestation n'a pas tourné à la démonstration de force. Les monstres se sont dipersés dans le calme. Le gouvernement, un peu inquiet, faut bien l'avouer, vu la tronche des manifestants a quand même reçu une délégation conduite par l'hideuse Babaïaga, Cabraca, le géant maléfique, les soeurs Gorgones et Jormugand, le serpent cosmique. Les monstres ont réclamé avec la plus grande fermeté une revalorisation du jugement porté sur eux, l'établissement sans tarder du CV anonyme et l'abandon du MCPE (Monstrueux Contrat Première Embauche).

    Le gouvernement de Vominique de Dillepin a annoncé plus tard par la voie de son porte-parole qu'il n'entendait pas se laisser terroriser et céder ainsi à la pression de la rue.

    Face à un gouvernement qui joue sur le pourrissement, les prochaines journées seront déterminantes quant à l'avenir du mouvement des monstres.


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