• Un shoot !

    Pour une fois, je suis d'accord avec Virginie Despentes quand elle explique dans un grand quotidien du matin que la cocaïne rend les gens cons et arrogants. On aura bientôt affaire à un vrai problème de santé publique mais, on fait comme si de rien était. C'est encore une drogue de Blancs bien portant et intelligent. On verra bien le désastre dans vingt ans...

    Lui, il n'a pas dépassé les vingt-cinq printemps... Il a un visage d'ange et il est bâti comme un athlète... Sportif, il l'est assurément. Et dépendant aussi. La CC, ce n'est pas trop son truc. Il a tout essayé : Héro, galette,  Brown et même CC en injection. Aujourd'hui, il se shoote à la méthadone... Mais, il le dit : cela reste un substitut.

    Une cuillère. Un peu d'eau chaude. Une seringue propre. Trois quarts de comprimé qui se dissolve dans la cuillère. Une petite remontée de sang. Le rituel est précis. Un peu long aussi. Je ne prends pas de photo. J'ai une aversion pour les seringues. Mais je regarde quand même.

    Ces veines n'existent plus guère. Certaines sont pleines de mini caillots... Là, c'est lui qui m'explique. Je ne ressens aucune fascination aucun dégoût non plus quand il réussi à se planter la seringue au revers de l'avant-bras.

    Ensuite, je vois ses yeux qui s'effondrent un moment et l'être pantin qui semble partir dans une sorte de samba douce.

    Il ne tient pas plus de huit heures sans son injection de méthadone. Il ne partage pas ses seringues. Il vit sa toxicomanie sans honte. Pour le moment, cela ne l'empêche pas de faire autre chose. Bien sûr avec l'alcool et le tabac en prime, on pourrait dire qu'il est polytoxicomane... Et donc, ça lui posera des problèmes de santé plus tard.

    Bien sûr, je pourrais lui faire un parallèle entre son shoot et le sexe et puis aussi parler des difficultés qu'il a à se désinhiber avec les femmes. Bien sûr, je pourrais lui expliquer combien cette dépendance est semblable à un monstrueux Kraken tapis au fond de l'être...

    Mais je crois que la dépendance est partout et que parfois certain se shoote à la seule affection. Et puis, je ne sais pas s'il est plus malheureux que d'autres ni plus mélancolique, ni plus fou. Je sais juste qu'il a l'âme plus fragile, les nerfs plus écorché et cet éternel regard de Pierrot lunaire dans les yeux : l'enfant qui n'a jamais voulu être adulte.


  • Commentaires

    1
    John Wayne
    Lundi 24 Avril 2006 à 23:59
    Ah Baribal
    J'avais un fil. C'est sans nul doute moi qui l'ai rompu. Mais je ferai tout pour venir fêter vos printemps... Même si je ne saisis plus rien à ces histoires de veines qui n'existent plus. Mais je me souviens d'un regard d'enfant. Oui je m'en souviens parfaitement bien de ce regard!
    2
    Mardi 25 Avril 2006 à 02:14
    Oui tu avais
    un fil... Oui Ariane, il s'est rompu... Pas grave. J'ai l'âge.
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